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Francis HUSTER : Biographie
17/06/2007 19:34
Francis Huster est né le 8 Décembre 1947 à Neuilly, Paris.
Francis a un frère, Jean-Pierre (surnommé "J.P."), de 3 ou 4 ans son aîné, et une soeur, Muriel, de 15 mois sa cadette. Très tôt sa maman l'a surnommé "Francisco".
Son père, souvent absent, était directeur commercial chez Lancia. Il voulait que Francis soit champion du monde de vélo, de moto, de foot, de ski et de tout ce qui s'ensuit. Ses parents ont divorcé après 38 ans de mariage. Francis a toujours admiré son père pour son honnêteté et sa loyauté.
Dans sa famille il y avait la tante Cécile, la soeur de son père, une fana de cinéma qui avait réussi à passer une audition devant la Warner et qui avait été choisie. Malheureusement, il y a eu la guerre.
Et puis, il y avait Rose, son véritable prénom était Ruchla, c'était sa grand-mère maternelle.
Elle avait débarqué de sa Pologne natale juste avant la guerre de 14, avec son mari, Mathis, un russe. Faut dire qu'à cette époque, sur la frontière russo-polonaise, les paysans du coin ne savaient pas toujours s'ils étaient russes ou polonais, ils trimaient comme des bêtes, ils étaient pauvres, ils avaient peur, ça sentait partout la poudre, la révolution et la misère.
Ruchla et Mathis arrivèrent à Paris. En devenant français, ils étaient devenus Rose et Max. Rose aimait la France, pourtant son Max a fait deux guerres pour la France et il est mort en 43, pendant la dernière. Rose aimait la France et elle est restée.
Elle aussi craquait déjà pour le tendre, le charmeur, le rêveur, Francis.
Et puis, il y avait André, le nouveau compagnon de Rose, il ressemblait à Humphrey Bogart et était fou de cinéma. C'était un type génial adoré de Jean-Pierre, Francis et Muriel. Il jouait toujours avec eux, arrivait avec des cadeaux, des sourires, et des revues de cinéma sous le bras, pour Francis. Avec lui, il passait de longs moments à regarder les photos des stars, dans Cinémonde ou Ciné-Revue, à se raconter et se raconter, encore et encore les films ...
La grand-mère Rose et André avaient refilé très tôt à Jean-Pierre, Muriel et Francis le virus du cinéma : ils allaient chaque semaine voir au "Midi-Minuit", sur les grands boulevards, tous les péplums et les westerns, et tous les Tex Avery et compagnie au "Studio Universel", près de l'Opéra.
Les symptômes aigus de la maladie qui rongeait Francis, l'Imagination, devinrent encore plus évidents à ce moment de l'adolescence. Tout était prévu depuis toujours pour Francis. Autour de lui, rien que des mordus. Mordus de son personnage, ou mordus de cinéma et de théâtre, tout était déjà là. Une vie d'artiste, préméditée de A à Z. Tout était en place pour faire de lui le Francis d'aujourd'hui. Famille, amis d'enfance et frère et soeur, profs ou moniteurs de colonie de vacances, tous n'étaient pas là par hasard. Pour eux, il faisait le clown, organisait des jeux, des concours, improvisait des pièces de théâtre dans lesquelles il jouait tous les rôles.
Son idole, à cette époque, s'appelait Jerry Lewis !
Les histoires de grand-mère Rose, les feuilletons télé (notamment Steve Mac Queen dans le rôle de Joss Randall, chasseur de primes ... Il y avait une photo de lui dans chacune de ses loges ...) et les films de série B, c'était son ivresse, sa drogue.
Très bon élève au lycée Carnot à Paris dans le XVIIème arrondissement, Francis était chef de classe. Une sorte de bigleux studieux, toujours le nez dans ses bouquins. Il raflait tous les Premiers Prix et les Prix d'Excellence, c'était comme ça depuis la communale !
Ses copains d'alors, c'était Yves Le Moign', le "génial", devenu aujourd'hui un homme de casting, dans le cinéma, et puis, il y avait Jacques Spiesser, un ange étrange aux allures de voyou, que Francis et Jacques Weber avaient fait sortir de son collège de Jésuites de rombée, après l'avoir vu y jouer un Molière scolaire. Tous les trois ne se sont plus quittés depuis !
A l'époque, Francis envisageait de devenir chirurgien comme son oncle Albert.
Francis est passé du statut d'apprenti chirurgien ... à celui d'apprenti acteur à cause d'un tout bête accident de ski dont les séquelles l'empêchaient d'aller jouer au foot le jeudi après-midi.
Du coup, il a poussé la porte du conservatoire municipal du 17è arrondissement que dirigeait François Florent. Il a été fasciné et c'est là qu'il a été pris dans l'engrenage du théâtre.
Spiesser le blond, le tendre, celui qui venait d'ailleurs et préférait y rester : dans les nuages, et le grand Jacques, Weber, le grand fou, l'immense Jacques qui à quinze ans déjà était un "géant". Ces deux-là passaient leur vie avec Francis, toujours ensemble, notamment dans ce petit conservatoire d'arrondissement. Le professeur, François Florent, qui avait une trentaine d'années, passait ses soirées à apprendre à quelques lycéens les démons de Rodrigue et les bévues du Bourgeois Gentilhomme.
Florent ne les ménageait pas, ses mômes !!! Il repérait chaque défaut, chaque maladresse. Il bousculait les plus ramollis, exigeait des plus doués une rigueur dans le travail et une obéissance totale. Il était avare de compliments, de flatteries et de récompenses. Pour lui, le Théâtre, c'est travail et beauté.
Un jour, Florent quitta le Conservatoire du 17ème Arrondissement et monta une véritable école de Théâtre dans un local de la rue des Saules, près de la Butte Montmartre.
Francis travaillait comme un malade. Le Théâtre était devenu son obsession, sa folie furieuse, son destin. Toute son énergie passait dans ce travail de fourmi et, pendant ses rares moments de libre, à jouer au foot. Théâtre et foot, rien que ça.
Francis avait convaincu la famille depuis longtemps que le seul chemin possible pour lui était de devenir acteur. Personne ne s'y opposa, sauf peut-être un peu son père, qui doutait de l'avenir d'une telle profession, et qui se plaisait à imaginer Francis comme futur avant-centre de l'Equipe de France de football ou comme vainqueur du Tour de France ...
La famille : sa mère, sa grand-mère Rose et André, c'est en eux que Francis avait puisé sa force, sa folie de créativité. Eux, et ses amis d'enfance. Chez Florent il avait appris le travail de l'acteur. Le reste, le grain de folie qui fait qu'un enfant devient cet homme que le public aime et réclame, cette rareté, cette poétique du geste, cet amour des métamorphoses de l'âme et des mots, cet amour qu'aucun professeur de théâtre ne peut transmettre à coup sûr, c'est l'héritage de la famille, des amitiés, des amours de Francis. C'est surtout l'amour que lui a donné sa mère, surtout et avant tout, le message qu'elle avait glissé, déposé dans ses chromosomes. Parce qu'elle avait voulu être actrice et que la guerre était venue changer sa vie, et que ses trois enfants étaient arrivés ensuite, et les rêves de sa jeunesse s'étaient envolés.
Francis était celui qui lui ressemblait en tout. Leur rêve était le même.
Rose et André sont morts juste avant que Francis devienne Francis HUSTER. Drôle de traître, le Destin ...
Après son bac, Francis décide d'abandonner ses études de médecine pour se consacrer au théâtre, soutenu à fond par sa mère qui à l'époque possédait un atelier de couture rue de la Banque. Elle avait même débarrassé un coin pour que Weber, Spiesser, Adjani et Francis puissent répéter leurs scènes sur place, au milieu des vêtements.
Après le Cours Florent et la Rue Blanche (avec Robert Manuel comme professeur), Francis entra au Conservatoire National d'Art Dramatique.
Au Conservatoire, on l'appelait "le petit Napoléon", il était le plus jeune de la classe, le chouchou de René Simon. Pourtant il détonnait, n'arrêtant pas de faire le pitre ; comme il passait une scène du "Deuxième souffle" de Melville, il s'était armé d'un vrai revolver, a fait semblant de tuer René Simon qui lui-même a joué le jeu et s'est écroulé par terre. Les gens ont cru qu'il était mort. Il y en a même un qui s'est évanoui. Lors d'un examen où il passait "le médecin volant", il n'a pas hésité à pisser dans un verre. En seconde année pourtant, il a été refusé à l'examen : " Trop de personnalité ", avait écrit le jury.
Au conservatoire, l'habitude était de passer des scènes devant Messieurs les Professeurs. Alors, avec son ami Spiesser, Francis décida de frapper un grand coup. Ils allaient monter tous seuls une pièce entière. Ce fameux "Jacques le Fataliste", revu et adapté par Francis. Ils obtinrent l'autorisation de le présenter aux professeurs et aux autres élèves. On leur prêta la grande salle du Conservatoire. Francis était le valet frondeur, poète cynique, tandis que Jacques Spiesser tenait le rôle de jeune maître, aristo vieille France, poussé au bout de ses contradictions et jusqu'au bord de la guillotine par son double, son ombre, son valet. Ce valet, Jacques le Fataliste, révolutionnaire dont la seule force était l'humour et la rage, c'était donc Francis le sage élève, qui commençait à comprendre que le Théâtre aussi avait besoin de sang neuf, et qu'il fallait monter aux professeurs que les élèves valaient bien les maîtres !
Dans la grande salle du Conservatoire, ce jour-là, se trouvait une jeune journaliste de France-Soir. Elle s'appelait Jacqueline Cartier et a fait un papier éblouissant.
Il y eu trois représentations de "Jacques le Fataliste" au Conservatoire. Trois triomphes. Depuis, chaque année les élèves montent des spectacles dans cette même salle, et le Théâtre redevient le lieu privilégié où l'on rêve.
Francis et Jacques Spiesser avaient vécu ces trois jours de triomphe en frères, en complices. L'autre Jacques, l'autre frère de coeur et d'âme, Jacques Weber, eut sa grande heure de gloire, peu après, au moment des Concours de sortie.
L'air de rien, Francis rafla trois premiers prix : Comédie Classique, Comédie Moderne et Théâtre Etranger. Toujours premier, comme à son habitude ...
Weber, lui ... Jacques Weber, le garçon mal à l'aise, maladroit, celui à qui on faisait jouer les vieux à quinze ans, à cause de sa carrure, de sa grosse voix, de ses grandes mains, ce fut lui qui, cette année-là, fit un malheur : il obtint le Prix d'Excellence, événement rarissime au Conservatoire.
Francis et lui étaient fous de joie, pleuraient, s'embrassaient, criaient leur bonheur, sautaient en l'air dans les coulissent à l'annonce des résultats, puis se ruaient sur la scène pour saluer, tandis que dans la salle les autres élèves (dont André Dussolier, Patrice Alexsandre, Daniel Mesguisch, Nathalie Baye, Isabelle Huppert, Jacques Spiesser, Jean-François Balmer, Francis Perrin, Jean-Luc Boutté, Martine Chevallier ...) faisaient un barouf d'enfer et que les Professeurs n'en revenaient pas d'avoir eu comme élèves ce deux fous furieux magnifiques.
Côté public, au milieu des amis, des parents, on croisait les premiers "Maîtres", François Florent, René Simon, Robert Manuel, Antoine Vitez ...Il y avait les gens du métier, les "aînés", metteurs en scène, producteurs, agents ... Et puis aussi une grande dame était là, chapeau et lunettes noires, Nina Companeez. Ce jour-là elle décida que son prochain film, " Faustine et le bel été ", elle le ferait avec ces nouveaux venus, Huster, Weber, Spiesser, et avec une petite fille brune aux grands yeux outremer, une petite fille qui étaient venue dans le public, qui s'appelait Isabelle Adjani ...
Francis apparaît pour la première fois à l'écran dans "La Faute de l'abbé Mouret" de Georges Franju. Suivent quelques petits rôles de jeunes premiers bellâtres dans "Faustine et le bel été" (1972), "L'Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise" (1973) ou encore "Lumière" (1975). Dès 1976, grâce à "Si c'était à refaire", il entame avec le cinéaste Claude Lelouch une fructueuse collaboration qui se poursuivra avec cinq autres films ("Un autre homme, une autre chance", 1977 ; "Les Uns et les autres", 1980 ; "Edith et Marcel", 1983 ; "Il y a des jours... et des lunes", 1989 ; "Tout ça... pour ça !", 1992).
En 1981, Francis Huster quitte la Comédie Française pour s'impliquer davantage dans le cinéma. Il tient ainsi le haut de l'affiche du film d'Elie Chouraqui "Qu'est-ce qui fait courir David ?", parabole sur une famille juive lors de l'Affaire Dreyfus. Il enchaîne avec "J'ai épousé une ombre" (1983) et "Le Faucon" (1983), qui lui permet de s'essayer au polar, avant de tourner à deux reprises sous la direction de Andrzej Zulawski, un réalisateur qu'il admire, dans "La Femme publique" (1984) et "L'Amour braqué" (1984). Fort de cette expérience, Francis Huster se décide à mettre en scène son propre long métrage en 1986 : "On a volé Charlie Spencer !", l'histoire d'un employé de banque aspirant à une autre vie.
A partir des années 90, ce dernier délaisse quelque peu le cinéma pour se produire sur les planches avec sa compagne Cristiana Réali, une de ses anciennes élèves au Cours Florent, et s'investir davantage dans des séries télévisées à succès comme "Terre indigo" (1996), "Le Grand patron" (2000), "Jean Moulin, une affaire française" (2003) ou encore "Zodiaque" (2004). En 1997, il fait une apparition très remarquée dans "Le Dîner de cons" grâce à son fou rire communicatif, puis se contente souvent de jouer son propre rôle au cinéma, celui d'un comédien ou d'un professeur de théâtre, comme en témoignent ses prestations furtives dans "L'Envol" (2000), "Le Rôle de sa vie" (2004) et "Pourquoi (pas) le Brésil ?" (2004).
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